Pont-Réant et la Massaye au XVIe siècle

Chorographie relative à la navigabilité de la Vilaine au XVIe siècle. (Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Le recueil « Cours de La Vilaine de Redon à Rennes » est un remarquable ouvrage daté de 1543, qui aurait été réalisé par le peintre enlumineur Olivier Aulion*.
Ce manuscrit en vélin comporte vingt-quatre planches peintes dont vingt-deux représentant en vue cavalière, le cours de la Vilaine entre Redon et Rennes, ainsi que deux planches techniques.
Destiné à convaincre de lever des fonds pour l’opération d’aménagement de la Vilaine, ce document cartographique reste aujourd’hui une formidable source d’informations sur les paysages de l’époque.

Planche XVI – 2e partie
Au premier plan, nous voyons le village de Pont-Réan, côté rive gauche de la Vilaine.
Sur la gauche de l’image se trouve le pont de Pont-Réan, qui était à cette époque constitué d’un tablier de bois, la végétation poussant sur les piles. Au bout de ce pont, nous entrons dans le bourg de Pont-Réan (côté rive droite), avec sa chapelle Sainte-Anne (elle sera démolie plus tard car elle se retrouvera frappée d’alignement quand on voudra améliorer les routes). Derrière le clocher de la chapelle se faufile sur la trace de l’ancienne voix romaine de Rennes à Rieux, un chemin qui monte au loin vers Guichen.
Au deuxième plan de l’image, on voit la Vilaine avec ses bras et ilots, le moulin, le déversoir et l’écluse, pratiquement comme aujourd’hui.
Au troisième plan se dressent les rochers (carrières) derrières les arbres en bordure de la Vilaine.
Et enfin au dernier plan, sur les hauteurs, se trouve les abords du bois de la Massaye**. Ce bois a été longtemps un des plus grands bois des environs.

* Olivier Aulion était un peintre et miniaturiste installé à Rennes, qui a travaillé pour la municipalité, et qui a réalisé à plusieurs reprises des dessins et rapports sur l’approvisionnement de la ville en eau et sur la Vilaine. Il serait décédé en 1573.
Pour les couleurs, le peintre a utilisé une gamme chromatique constituée de bleu, vert et ocre, qu’il a traité en camaïeux. Puis il a ajouté ici et là, des petites touches d’or pour plus de lumières, et des traits plus clairs pour plus volume. Le résultat final est merveilleux, il ne reste plus qu’à contempler ce qui était hier.

** En 1592, le château fortifié de la Massaye sera pris par les Ligueurs. Plus tard, Richelieu (ministre de Louis XIII de 1624 jusqu’à sa mort en 1642), fera démolir le château. Or le château actuel étant daté du XVIIe siècle, il a dû être assez rapidement reconstruit et cela sur le même emplacement en gardant les douves. Quant à la chapelle de la Massais actuelle, elle aurait été construite bien plus récemment, courant le XXe siècle, après la 2e guerre mondiale…

Repères indiqués sur la peinture (en vieux français) :

La chaussée. G.
Le pont. H.
Chemin
Le boys et maison de la Masseaye
Rochers
Le pont
Gué
Il y a troys piedz et demy de sault au nyveau
La chaussée, moulins, et escluse du Pont Réant pourtraicte en perspective au plus près du naturel.
Vous plaise entendre que le présent pourtraict n’est seullement faict que pour monstrer la qituation du Pont Réan tant chaussée, moulins, escluse que le gué d’entre deux car n’estoit possible la faire monstrer aultrement.

Source :
Livre « En passant par la Vilaine – De Redon à Rennes en 1543 » sous la direction de Michel Mauger, Editions Apogée – 1997