Agriculture et Culture

Dessin : Charrue balance employée pour le défoncement

Photo extrait de « Notions d’agriculture – Manuel d’enseignement agricole » de Gory G., Gauthier J. – Imprimerie Delmas, 1960

Le cultivateur travaille la terre, celui qui se cultive travaille sur lui-même : son corps, ses sens, sa pensée. Il travaille sur la vue avec la peinture, sur l’ouïe, avec la musique, sur le corps avec la danse, sur la pensée logique avec le jeu d’échec etc …

Le cultivateur développe les possibilités de la terre et sélectionne ses plants et en même temps il  perfectionne ses outils : on est passé du cheval au tracteur. Celui qui se cultive affine ses sens, sa pensée. Il invente de nouvelles images, de de nouveaux sons, de nouveaux gestes…

L’agriculture libère l’homme en lui permettant de dominer la nature. De même la culture libère l’individu en lui permettant de maîtriser sa sensibilité. Elle libère également des possibilités cachées : adresse manuelle dans les arts plastiques, sensibilité dans la musique, dans la littérature, etc… Elle lui permet de trouver le plaisir et l’équilibre que l’on ne trouve pas dans le labeur quotidien. Elle casse le cercle du travail, du transport, du sommeil.

Déjà le bricolage ouvre à la culture, puisqu’il permet une activité libre des contraintes du travail quotidien. Mais cela reste insuffisant car trop souvent il est complément nécessaire à l’amélioration du cadre de vie.

Et le cadre de vie n’est qu’un cadre. Il faut y mettre un homme complètement développé. Le sport aussi développe et là aussi la sensibilité esthétique apporte un élément essentiel à l’intelligence du jeu.

Alors, que vous soyez agriculteurs ou salariés, sportifs ou bricoleurs,venez aux journées culturelles de Guichen. Vous y trouverez ce que vous cherchiez put-être sans le savoir : un équilibre harmonieux par l’épanouissement  de tout ce qui fait un être humain, c’est à dire un être libre.

Le mot « culture » vient du latin « colère » qui veut dire mettre en valeur.

Depuis Platon et le mythe de Prométhée, on admet que l’homme est un être de culture. Le ciel étoilé, la terre, les règnes minéraux et végétaux, appartiennent à la nature.
Tout ce qui est produit par l’homme depuis la roue jusqu’à la centrale nucléaire et aux toiles de Picasso, appartiennent à la culture ; les institutions et les lois relèvent aussi de la culture, au sens de « civilisation », c’est-à-dire de l’ensemble des coutumes, savoir-faire, traditions et croyances que les générations successives se transmettent.
En l’homme, la « nature » désigne ce qui est donné à la naissance, tandis que la « culture » désigne ce qu’il acquiert tout au long de son éducation. Rousseau nomme « perfectibilité » la capacité de l’homme, non pas (seulement) de progresser, mais d’évoluer sans cesse, en bien comme en mal.

La culture et les cultures

Employé au singulier, le mot « culture » est synonyme de civilisation. Or cette idée de civilisation suggère un mouvement continu de l’humanité vers plus de connaissance et de lumières. On serait donc ainsi plus ou moins civilisé selon les continents et les époques. Les sociétés dites « primitives » seraient moins civilisées, donc moins cultivées, que la société industrielle la plus performante. Or cette idée est largement remise en cause aujourd’hui. Le mouvement de l’humanité n’est pas un progrès uniforme et continu. Aucune société n’est en avance ni en retard. Lévi-Strauss et la plupart des philosophes et ethnologues préfèrent désormais parler de « cultures » au pluriel. Aujourd’hui, l’essentiel passe d’abord par notre culture générale.

« Il n’y a pas d’homme cultivé, il n’y a que des hommes qui se cultivent. »
Maréchal Ferdinand Foch (1851- 1929)

« Culture » désigne alors l’ensemble cohérent des constructions imaginaires, structures mentales et modes de productions propres à chaque communauté.

Culture générale, culture universelle

Le mot « culture » désigne aussi le produit de l’éducation morale et intellectuelle de chaque individu. Tout être humain reçoit une telle « culture » par définition. Mais, en ce sens, la culture comporte également des degrés ; toutefois, l’approfondissement de la culture dite « générale » n’est pas d’ordre quantitatif.

« Mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine. »
Rabelais (1533-1592)

Un homme « cultivé » (une tête bien faite) est capable de juger par lui-même, par exemple de ce qui est beau. Cela signifie que grâce à son éducation il est en mesure de dépasser les préjugés de sa « culture », c’est-à-dire d’une vision du monde close, autrement dit inaccessible à un étranger. Plus un homme est vraiment cultivé, plus il est tolérant, c’est-à-dire ouvert à toute autre culture.

« Rien de ce qui est humain ne m’est étranger. »
Térence (poète comique latin, né aux alentours de 190 av. J.-C.)